Son disque de 1984 coïncide avec son demi-siècle d'existence et contient, à l'en croire,
"l'amertume souriante et l'innocence rusée récoltées dans ses voyages à travers le temps et l'espace".
Chanteur, il en est "L'ambassadeur" qui détient "les clés de la nostalgie et du futur". Il donne l'impression d'écrire à mi-distance et doit peut-être ce recul à l'île de Spetsai où naissent ses chansons.

"Pornographie", sur un air de Manos Hadjidakis en hommage à la musique française, témoigne de sa fidélité au compositeur grec. Pas de faces A et B à ce disque mais une "face nord" enregistrée à Paris et une "face sud"...au Brésil.

En 1986, Georges Moustaki fête par une tournée d'une vingtaine de salles dans Paris (!) la sortie d'un disque à forte connotation affective auquel participent Richard Galliano, Hubert Rostaing, le Cuarteto Cedron, Paco Ibanez (musique de "L'Espagne au coeur"), Maxime Le Forestier ("Une cousine") et une flopée de "pointures" !
Joe Rossi orchestre la gracieuse valse "Venez danser".

Le traditionnel "Haïti chérie" ouvre à Moustaki les portes de la communauté haïtienne de New-York. Il n'a pas attendu la vogue de la World Music pour rendre aux musiques d'ailleurs au moins autant qu'elles lui ont apporté.

Les Editions Calmann Lévy publient en 1989 "Les filles de la mémoire" (c'est ainsi que l'on appelle les muses en Grèce), un livre de souvenirs aussitôt traduit en grec, catalan, espagnol... et en italien sous le titre "Amante e vagabondo".
En 1992, paraît "Méditerranéen" (arrangements de François Rauber, et pas une musique d'Hadjidakis), il reçoit le Prix National de la Chanson. Une distinction qui pèse sans doute, la plus belle récompense étant qu'il a donné près de trois cents concerts en France et à l'étranger pendant les quatre années qui viennent de s'écouler.

Orphelin de "papa Rostaing" (partenaire de Django Reinhardt, clarinettiste de "Nuages" et chef d'orchestre), privé de Joe Rossi (entré dans sa vie le 10 mai 1980 avec son accordéon), Georges Moustaki prend en charge lui-même la préparation de l'album de 1996 qu'il enregistre en formule acoustique et en direct, sans arrangement écrit sauf pour les cordes.
Son titre "Tout reste à dire" est aussi celui de la chanson faite avec Jean-Pierre Rosnay avec qui il n'en avait écrit qu'une : la première !

L'éditeur Christian Pirot publie en deux volumes les textes de ses chansons. Dans la Capitale, Georges Moustaki jette l'ancre tantôt au Casino de Paris (1993, 1997), tantôt au Petit Journal, le club de jazz de Montparnasse qu'il affectionne, où en février 1998 il se produit un soir, seul, dans les conditions de ses débuts : un tabouret, une voix ("et pas des plus puissantes" précise t-il toujours) et une guitare acoustique. De ce bref retour à la case départ et à la nudité originelle, il émerge une nouvelle fois revigoré, transformé et toujours le même.
Confiant dans ses atouts et avec le même appétit d'espace, de musique et de plaisirs.

Le temps n'imprime jamais de réelle marque sur l'âme.

 

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Marc Legras