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Georges Moustaki
passe rarement plus d'un mois sans changer de pays. Il lui suffit de poser son sac pour être partout chez lui autour de la Méditerranée, au Brésil, dans tous les pays d'Amérique Latine ou au Japon. Ses chansons le racontent, Ulysse musicien, à travers voyages et rencontres.

En 1969, chanson d'amour et autoportrait ("métèque, juif errant et pâtre grec"), l'un de ses plus grands succès fait le tour de la planète (dans une douzaine de langues) et lui ouvre les portes d'une soixantaine de pays. Un bonheur pour l'enfant d'Alexandre qui, sur le port face à la mer, rêvait de découvrir le Mexique, le Japon et la Palestine tout en baignant dans le creuset de langues et de cultures d'une ville mythique.
Celle du poète Cavafy et du "Quatuor d'Alexandrie", de l'écrivain irlandais Lawrence Durrell, et où Georges Moustaki a grandi à la fin des années 30.
"L'Alexandrie de mon enfance - se souvient-il - c'était le monde en réduction avec toutes les races et toutes les religions. Je suis rarement étranger quelque part car je trouve toujours une référence à Alexandrie dans les langues que j'y ai entendues, les odeurs que j'y ai respirées ou les couleurs..."

Son père, Nessim, parle cinq langues. Sa mère, Sarah, six.
Dans la cour de L'Ecole Française (où ses parents l'inscrivent avec ses deux soeurs), véritable Tour de Babel, les enfants s'interpellent en arabe, italien, grec, turc, arménien ou maltais. Voire en anglais, la langue de l'administration du Royaume d'Egypte sous tutelle britannique.

Je vous chante ma nostalgie
ne riez pas si je rougis
mes souvenirs n'ont pas vieilli
j'ai toujours le mal du pays
- Alexandrie -

Entre l'école et la Cité du Livre - la librairie française la plue en vue du Moyen-Orient que tient son père - il devient un précoce "citoyen de la langue française" (tel qu'il se définit aujourd'hui). Il dévore les ouvrages qu'il replace soigneusement dans les rayons, ne rate aucun des films en français du cinéma voisin, aucune pièce de théatre, aucun chanteur de passage.
" Mon goût pour la musique est passé par la chanson française : Charles Trénet qui m'avait ébloui - et à qui je suis allé le dire longtemps après - Henri Salvador, Georges Ulmer, Yves Montand, Georges Guétary, Luis Mariano... J'empruntais des culottes longues à mon père pour aller les écouter. J'ai même vu Piaf avec ma mère à l'âge de treize ans. Dix ans avant de la rencontrer."

A dix-sept ans, après un séjour estival à Paris, il obtient l'autorisation paternelle de s'installer dans la "ville lumière" où sa mère fera suivre sa guitare. Sa première carte de séjour datée du 12 novembre 1951 constitue, à l'en croire, son véritable acte de (re)naissance.
Vendeur de livres de poésie au porte à porte, il fait partie d'une équipe (dans laquelle l'un peint, d'autres écrivent ou rêvent de devenir acteurs - Guy Bedos) qui a transformé la librairie de son beau-frère Jean-Pierre Rosnay en une sorte d'atelier de création.

Un jour, il égrène quelques notes et quelques accords de guitare sur lesquels le beau-frère écrit des paroles à son insu, lui demande de reprendre le morceau. Première chanson !
A la troisième, le voilà sacré musicien de la bande.
Fin 1952, il éprouve le choc en découvrant aux Trois Baudets, dans le spectacle d'Henri Salvador (en vedette)
"un monsieur moustachu, au physique bien éloigné de celui des chanteurs habituels, au vocabulaire différent et aux idées exprimées avec une telle originalité qu'elles en devenaient neuves : Georges Brassens !"

 

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Partie2
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