Un encouragement assorti d'un
commentaire "un peu vague mais flatteur" : "C'est de
qualité". Pianiste d'ambiance - et pour le même cachet - il ajoute à sa prestation les cinq ou six chansons de son répertoire : "Eden Blues", Le bar des cinq parties du monde", "Putain de toi" de Brassens, "La chambre" et "Le parvenu" de Léo Ferré, "Un jour tu verras" le succès de Mouloudji.
De retour à Paris, sans illusion ni conviction, il pousse la porte de l'Echelle de Jacob et en moins d'une heure se retrouve pour la première fois de sa vie sur une scène équipée d'un micro, dans une vraie salle de spectacles... dont la vedette est Jacques Brel. "J'ai du réagir inconsciemment. En pilotage automatique. J'ignore si ça a marché ou pas. On ne m'a pas jeté dehors et on ne m'a pas gardé au-delà des quinze jours prévus. C'était déjà beaucoup !" La période est aux "auteurs-compositeurs-interprètes" et ce court passage lui permet de trouver des engagements au Port du Salut, à la Colombe, au Collège Inn, à la Boîte à Chansons ou chez Pomme sur la Butte. Son répertoire prend une tournure plus personnelle avec "Gardez vos rêves", "Les orteils au soleil" (son premier hymne à la paresse et à la Méditerranée) et "Donne du rhum à ton homme" (qu'on prend à tord pour une chanson folklorique antillaise et que Maria Candido enregistre en 1958). Il rencontre l'idole de ses quinze ans, Henri Salvador, qui met en musique "Il n'y a plus d'amandes" et Henri Crolla, un guitariste exceptionnel auquel il voue une véritable passion. Deux de leurs musiques se ressemblent : celle de "M'sieur p'tit Louis" chantée par Montand et signée Crolla et celle qu'a composée Moustaki sur "Lézard", un poème d'Aristide Bruant. Ils se rencontrent pour résoudre ce litige et plutôt que d'ergoter sur les droits d'auteurs, ils envisagent de faire une chanson ensemble.
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